La violence envers les minorités religieuses, dans les pays francophones, n’est que l’un des aspects de celle qui sévit contre la religion dans son ensemble, et, plus généralement, de la violence en général.
Mais la violence en général est unanimement condamnée par la société et par ses lois. Et la violence à l’égard des membres d’une communauté religieuse est également condamnée par la société et ses lois. Dès lors, pourquoi les minorités religieuses seraient-elles exclues de la protection offerte par la société et ses lois ?
C’est pourtant ce que l’on observe en France et dans les pays francophones. Cela s’explique simplement : dans ces pays, les minorités religieuses se voient tout simplement refuser le qualificatif de… religion !
Dès lors, ces groupes, et les individus qui les composent, échappent à la protection naturelle et légale de la société.
Cette disqualification, au sens littéral (c’est-à-dire cette perte de qualification), comment a-t-elle pu s’établir et s’installer ?
Simplement par l’officialisation de cette disqualification.
Comment la France a disqualifié les religions minoritaires ?
La première, et la plus connue, de ces disqualifications, est la liste des « sectes » ou « mouvements sectaires » établie en 1995-1996 dans le cadre du Rapport Guyard et de la Commission d’enquête sur les sectes.
Depuis lors, le législateur a confirmé systématiquement cette disqualification des religions minoritaires, qu’il s’agisse des textes de lois, comme la Loi About-Picard, ou des débats à l’Assemblée nationale ou au Sénat. Ainsi, dans les pays francophones, depuis une quinzaine d’année, les religions minoritaires ont une dénomination nouvelle : secte ou mouvement sectaire.
Cela a les conséquences suivantes :
– Les religions minoritaires ne bénéficient plus de la protection naturelle et légale de la société, ni de la neutralité de l’État, dues à toute religion ;
– La dénomination nouvelle et officielle de « secte » ou de « mouvement sectaire » est comprise, à juste titre par les médias et par la société, comme signifiant que toute personne faisant partie d’un tel groupe est privée de toute information objective, de toute liberté individuelle, professionnelle ou familiale, de la libre jouissance de son argent et de ses biens, voire même… de la sécurité de sa vie !
– Toujours à juste titre les médias et la société en déduisent qu’un tel groupe ne doit pas avoir le droit de faire de prosélytisme, et qu’il faut l’en empêcher à tout prix, et notamment par le biais d’une police spéciale (UNADFI, MIVILUDES, etc..) et d’une législation spécifique ;
– Conséquente avec elle-même, la société française veut exporter son modèle vers l’Europe, voire la planète entière, avec le but à peine caché d’éradiquer de tels mouvements de la planète, exactement comme on l’envisage, s’agissant d’une maladie ou d’une toxicomanie !
– Toute cette activité a lieu en toute bonne conscience, portée par un idéal de liberté et de respect des Droits de l’Homme ! C’est devenu une guerre, ou une croisade contre les « sectes », au nom de l’Humanité, et cela autorise une action musclée, voire… violente !
Ainsi, en France et dans les pays francophones, on observe, notamment depuis une quinzaine d’années, une situation de violence à l’égard des minorités religieuses.
Cette violence prend des formes diverses :
– Psychologique, en refusant aux membres d’un groupe le nom de religion ;
– Verbale
- par des désinformations et des diffamations, notamment par voie médiatique (diverses formes de presses, Internet, etc.) (cf ici) ;
- par des injures, comme on l’a vu par exemple avec Bernard Kouchner en janvier 2003, condamné par la suite par le mouvement raëlien
- par le ton sur lequel est prononcé le mot « sectes », par exemple par Bertrand Delanoë en 2008 ;
– Physique, par intimidation ou voies de fait, commises :
- par des particuliers comme on l’a régulièrement constaté (cf ici);
- par des journalistes (cf ici);
- par l’État lui-même, au moyen d’opérations de commando menées, en France, contre des communautés religieuses;
– Légales et juridiques, par des décisions de justice refusant la garde d’un enfant à un membre d’une minorité religieuse ;
- Droit de visite (cf ici);
– Financières, en entraînant, par des indiscrétions ou des pressions diverses, un licenciement ou une perte de clientèle ;
– Affective ou familiale ;
- Famille d’accueil (cf ici);
– etc.
En fait, les membres de religions minoritaires, qui généralement détestent la violence, tant celle qu’ils pourraient exercer que celle qu’ils pourraient subir, choisissent souvent la discrétion, voire la clandestinité, pour pouvoir sauvegarder leur paix extérieure et intérieure.
Mais, ce faisant, ils risquent bien sûr de renoncer au prosélytisme. C’est pourquoi une attitude de retrait, comme la situation y oblige les minorités en France, constitue à terme un arrêt de mort pour un mouvement, et il est clair que c’est ce que souhaite, plus ou moins ouvertement, mais en toute bonne conscience, une grande partie de la société.