Alors que l’Assemblée Nationale délibère de nouveau sur le texte controversé [1] qui doit donner l’immunité aux membres de la Mission interministérielle de lutte et de vigilance contre les dérives sectaires (MIVILUDES), il semble naturel de poser la question : pourquoi ses membres ne peuvent-ils être recherchés, poursuivis, arrêtés, détenus ou jugés en raison des opinions qu’ils émettent dans leur rapport annuel sur les mouvements religieux minoritaires ?

La réponse est bien évidemment dans la question, si on demande l’immunité, c’est parce qu’on anticipe que sans immunité il y aura reconnaissance de culpabilité.

Si la Miviludes avait l’intention de faire des rapports objectifs bases sur des faits, il n’y aurait aucune raison de craindre des plaintes en justice car la justice ne pourrait que reconnaitre ces faits et leur donner raison.
Si le parlement décide de mettre la Miviludes au dessus de la justice et somme toute au dessus du respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de la Constitution ce sera un aveu du gouvernement français : La Miviludes n’est pas là pour faire respecter les citoyens français et leurs droits fondamentaux, mais bien plutôt pour répandre des rumeurs et encourager la haine des sous citoyens que sont les membres des minorités religieuses en France.

Il est intéressant aussi de rappeler que le président actuel de la Miviludes a été mis en cause pour ses relations proches avec des personnes condamnées dans l’Angola Gate et a « surveillé » les élections au Gabon lorsque le Président gabonais a été élu à 90% des suffrages. Il a aussi été condamné pour avoir laissé publier des propos antisémites dans la revue de son association de magistrats. Donner la présidence de la Miviludes a une personne ayant ce type de curriculum est déjà dangereux, mais lui accorder l’immunité en plus c’est tout simplement criminel car il ne peut y avoir de doute sur la raison pour laquelle l’immunité est demandée.

N’oublions pas qu’une des premières mesures du gouvernement de Vichy a été de supprimer toute possibilité pour les victimes de propos antisémites de poursuivre en justice les auteurs de ces propos. Le vote pour l’immunité des membres de la Miviludes est une étape majeure dans l’escalade de l’intolérance religieuse en France. Si elle est accordée, non seulement la réputation de la France en matière de droits de l’homme va être encore plus ternie, mais des milliers de familles en France vont devoir sérieusement questionner leur avenir dans ce pays aux lois d’exception dignes des pires régimes totalitaires.
[1] l’amendement 87 : http://www.assemblee-nationale.fr/13/amendements/3787/378700087.asp